Nous ne pourrons plus aller rendre visite à Alfred Dewiary dans son
appartement situé au fond de l’avenue pulliérane du Général-Guisan.
L’y rencontrer était une expérience peu banale. Cet artiste-peintre nous recevait avec une exquise urbanité. Il semblait au premier abord se
montrer assez timide, un peu effacé. Mais l’aspect de son logis surprenait déjà. La disposition des lieux avait été réaménagée avec fantaisie. Au lieu d’y découvrir comme à l’ordinaire des chambres alignées le long d’un corridor ou groupées autour d’un hall central, on pénétrait alors dans une sorte de vaste jardin enchanté où des arbres étendaient leurs feuillages toujours verts où une source cascadait joliment dans un bassin, où d’intrigantes statues avaient été dispersées simulant ici un livre ouvert, là un violon réduit au silence accompagné de sa partition.
Les œuvres qu’Alfred Dewiary se mettait à nous montrer participaient de la même sensibilité. Les paysages d’un auteur classique donnent généralement à voir une nature stable, domptée, ordonnée, où chaque élément occupe sa place bien définie. Il en allait tout autrement avec les dessins et les tableaux que notre hôte nous présentait.
Un mystérieux souffle vital les traversait. Les genres et les espèces s’y confondaient plus d’une fois. Le cosmos devenait sous ses pinceaux comme un immense corps frémissant d’où pouvaient surgir soudain d’inattendues métamorphoses. Et l’homme y était modestement intégré, emporté dans ce tourbillon.
Cet état d’esprit proprement romantique éclate avec une particulière évidence dans le premier achat du musée de Pully qui a été acquis à partir de 1993 grâce à la générosité des membres de son Club des cent. Pour un premier regard un peu distrait cette toile représente un arbre encore dépouillé par l’hiver mais qui tend déjà ses rameaux vers la renaissance du printemps. Si nous l’examinons de plus près, ce sujet met en scène
un cerf, le traditionnel symbole de notre Occident de la lutte du bien contre le mal.
N’est-il pas émouvant, aujourd’hui que l’on pleure la perte d’un artiste aimé, de nous rappeler cette évocation qu’il a naguère imaginée pour affirmer de manière à la fois poétique et discrète la victoire finale de la vie sur la mort ?
LE REGIONAL
Samuel Dubuis
Présenter Alfred c’est présenter l’homme le plus fidèle que j’ai connu.
Tous, ici présents, nous avons eu la chance d’avoir croisé sa route.
Aujourd’hui, il poursuit son « Aventure », mot célèbre du langage Dewiarien !
Il est vivant et parmi nous, non seulement une montagne dans notre imaginaire, mais aussi un exemple d’humanité.
Nous avons toujours reçu de lui une amitié entière et désintéressée. Seul comptait pour lui le besoin d’aider l’autre, son semblable.
Il le disait souvent à ceux qui découvraient la paix en eux : « Nous sommes sauvés ! »
Et ce « nous sommes sauvés » est une force indéracinable, une vérité intangible, à l’instar de la mer et du ciel !
Bien sûr, son travail d’artiste est exceptionnel, dans la continuité des grands peintres.
Et si l’on se souvient de la façon dont il se présentait, deux mots me viennent à l’esprit :
« Dewiary artiste-peintre », combien de fois l’ai-je entendu ? Je ne sais pas, peu importe, artiste incontournable et peintre magistral !
L’homme est grand !
Aussi, pour continuer l’Aventure, il faut voir son œuvre avec la certitude de le retrouver dans chacune de ses toiles.
Il est là ! partout ! et son chemin est le nôtre, sauf qu’il a ouvert la grande porte avant nous !
Mais, ce dont je suis sûr, c’est de sa détermination, il est toujours peintre ! Il sera peintre ! A jamais peintre !
Pour éclairer notre chemin !
Patrick Druinot
Homme hors du commun.
Aujourd’hui, je ne sais pas où je suis.
J’ai l’âme en peine.
J’oublie pas hier.
J’oublie pas demain.
Pour le restant de ma vie.
Pour tout ce que j’ai appris.
Pour tous les siens qui restent.
Il a été fidèle jusqu’au bout.
Toujours les mots justes.
Pour chacun d’entre nous.
Tant de lumière dans ses paroles.
Pour nous encourager dans la recherche de soi.
Toujours avancer, pour aller plus loin.
Pour y trouver le chemin.
Pour y chercher son bonheur.
Pour partager ces moments de vérité.
Etre heureux.
Pas toujours facile.
Surtout dans notre jeunesse.
Si fragile.
Nous nous posions beaucoup de questions.
Dans cette belle rencontre humaine.
Pleine de simplicité, de modestie.
Dans son œuvre si personnelle, si grande.
Créateur, bâtisseur de beauté.
Chaque toile a son histoire
Tant de force et de lumière s’en dégage.
On est à l’écoute et silencieux.
Comme en pélerinage.
Comme aujourd’hui – hier.
Fureter entre les rayons du soleil.
Rempli d’émotion.
Le temps triste par moment.
Très changeant par instant.
Ce ciel était fidèle.
Comme les couleurs de ses tableaux.
Ténébreux, sombres avec le jaillissement d’une éclaircie.
Et finalement beau en fin de journée.
Il n’y a pas si longtemps.
Il aimait ce temps.
Il aurait aimé le partager du regard.
Avec nous.
Cette immense toile de lui.
Sur ce Léman qu’il aimait tant.
Il est avec le temps.
Tu vois comment…
Pour son dernier hommage
Le petit Hubert
Lettre à Alfred, mon père de cœur
Une part de moi s’en est allée,
Une part de moi tu as emportée (je l’espère),
Une part de toi j’ai gardée….
Me laissant seul avec mes souvenirs
Tant de souvenirs qui me sont chers
Tant de tendresse de ta part
Tu étais toujours là
Pour nous soutenir
Dans les aléas de la vie
La nostalgie s’empare de moi,
Le manque déjà se fait présent
Les regrets !
Ah oui les regrets…
J’aurais pu,
J’aurais dû,
Te dire
Combien tu étais précieux à mes yeux
J’avais encore tant de choses
A te dire
La vie en a voulu autrement
Pour ceux qui restent
Comment expliquer à Alexia
Que tu es parti au ciel
Elle qui se réjouissait
De venir dessiner
Des soleils
Salut MAITRE
Avec toute mon amitié et tendresse
Ton neveu Claude Pauchard